Il y a film porno… et film porno. Il y a les productions industrielles, calibrées à la seconde près, avec des acteurs interchangeables, sans âme, gonflés aux stéroïdes et recouverts de tatouages comme des panneaux publicitaires. Et puis, il y a The Obsession of D.O., qui débarque comme un rêve trouble, une fièvre moite venue d’un autre monde. Ce film, c’est une descente hallucinée dans les abîmes du désir masculin. Un trip pornographique digne d’une œuvre d’art. Et franchement, que si peu de blogs, critiques et passionnés mentionnent cette pépite relève presque du scandale. Ce film est une anomalie dans le paysage X, un chef-d’œuvre absolu du porno gay. Il mérite d’être élevé au rang de classique.
Ce bijou nous vient de Black Scorpion, un studio qui, pour une fois, a mis les projecteurs sur les performers latinos qu’on adore, qu’on fantasme, qu’on vénère presque : D.O., Rafael Alencar, Rocko Magnus… des hommes avec du vécu dans le regard, de la sueur sur la peau, du sexe dans l’attitude. Pas des mannequins de magazine. Pas des armoires à glace sans âme. Juste des corps beaux, naturels, puissants sans être bodybuildés, avec cette virilité fière et crue qu’on ne voit presque plus aujourd’hui. Ici, il n’y a pas de torses sur-gonflés, pas de biceps grotesques, pas d’abdos photoshopés. Juste des hommes. Entiers. Magnétiques. Brillants de chaleur. Humains.
Tout commence avec D.O., magnifique et concentré, qui allume une pipe remplie d’une substance hallucinogène. Dès la première bouffée, on bascule dans une autre réalité. Plus rien n’est réel. Tout devient fantasme. Tout devient sexe. Comme une version queer, sexuelle et décadente d’Alice au Pays des Merveilles. D.O. suit Rafael Alencar, torse nu, silhouette d’apollon ténébreux, dans un entrepôt déserté. Rafael disparaît. D.O. erre. Les pièces s’ouvrent comme des trappes de désir. Et dans chacune d’elles, une scène. Une vision. Une offrande. L’ambiance est épaisse, presque poisseuse. On sent la poussière, la sueur, la chaleur stagnante. Chaque salle semble vibrer d’un érotisme contenu, d’une tension animale.
Dans la première pièce, D.O. matte Chris Barton se faire sucer pendant que Rafael se fait littéralement dévorer par Mason Wyler. Ce dernier, blond ténébreux, avec une bouille de chiot excité et une bouche comme une promesse, l’engloutit sans retenue. Deepthroat furieux, rimming affamé, puis sodomie intense et parfaitement rythmée. Le son du souffle, le bruit des corps, les regards… tout est chorégraphié avec une justesse troublante. Mason jouit en pleine fellation, Rafael lui gicle dessus comme une bénédiction. Ce n’est pas juste du sexe. C’est un ballet érotique sous tension. Seul regret : on aurait adoré voir D.O. et Chris Barton aller plus loin ensemble. Ils avaient une vraie alchimie, un potentiel explosif. Quel dommage que ce duo n’ait pas été exploité.
Deuxième pièce. Un boulanger nu, la peau dorée, décore des gâteaux dans une lumière de velours. Les bougies projettent des ombres mouvantes sur les murs. Deux hommes – Enrique et Brandon (alias Hanlon Kessler) – s’embrasent sur une table en métal. Leur 69 est lent, fluide, presque hypnotique. On se rend compte que Enrique a une queue quand même bien longue et bien épaisse que Brandon gobe sans grande difficulté. L’ambiance est moite, sucrée, charnelle. Et dans un détail qui fait toute la différence, on voit Brandon se doigter légèrement le cul pendant qu’il baise Enrique. Ce petit geste, discret mais incroyablement sensuel, montre à quel point le plaisir est au cœur de cette scène. On ne joue pas. On vit. Brandon se donne, totalement.
Puis, D.O. tombe sur une scène plus sombre. Un strip-teaseur en cuir noir, Sergio DelCastillo, domine l’espace. Rocko Magnus, lunettes vissées sur le nez, a l'air d'une putain de salope de secrétaire. Vous voyez le genre ? Lunettes un peu intello et attitude de salope qui se donne à fond dans les bureaux... Rocko pompe son maitre et ne se retient pas, même avec l’arrivée de Scott Tanner.
Ce qui suit est une orgie intime à trois. Rocko se fait bien bouffer le cul mais sans jamais perdre cette aura de mec soumis et déchaînée à la fois. Ses lunettes glissent. Sa sueur perle. Il est incandescent. Les corps se frottent, les culs sont léchés avec ferveur. Pas d’effets spéciaux. Juste du vrai sexe, du vrai plaisir, dans une ambiance de sous-sol fétichiste. Rocko ne se fera malheureusement pas baiser par Sergio mais il jouira après avoir fait jouit ses deux maîtres dans une séquence iconique.
Quatrième scène. La moto rouge. Le fantasme pur. D.O., nu, raide comme un guerrier, retrouve Josh Weston, icône du porno gay, monument du passif parfait. Josh, le regard déjà ailleurs, les reins offerts, le trou prêt. D.O. l’attrape et lui claque son cul. Puis, il ne va pas le bouffer : il va le dévorer. Doigter, élargir puis gober son cul. Josh hurle, vibre, gémit. Sa voix est une prière. Son trou n'est pas en manque de bites : son trou est désespéré. Il s'ouvr facilement et semble en réclamer davantage et pour preuve : Josh bande comme un taureau. D.O. enfin le pénètre de toutes les manières possibles, en variant les angles, les rythmes, les positions. Le cuir rouge de la moto reflète les ombres. L’ambiance est lourde, moite, organique. Et le sexe… le sexe est pur. C’est animal, brutal, tendre, vrai. D.O prend le temps de reposer le trou de Josh en le suçant, en embrassant Josh d'une manière à la fois sensuelle et virile avant de le baiser puis, fait rare dans le porno des années 2000, en couvrant de sperme son trou...
Soudain, D.O. se réveille. Il se demande s'il a rêvé ou si ce qui vient de se produire sous nos yeux s'est réellement produit...
C'était donc vrai. Et ce qui l'attend, tout autant.
D.O. découvre une orgie...
Tous les corps sont là , emmêlés, beaux, luisants à l'exception de Josh Weston et Mason Wyler et c'est bien dommage. Ici, pas de rôles assignés. Juste du désir. De la chaleur. Du foutre. Des mecs qui ne passent pas une seconde à s'emmerder. D.O. pompe tout ce qui bouge. On se bouffe le cul parfois à plusieurs, on passe de bite en bite, on est passifs et actifs, parfois avec hardeur et il le faut bien pour satisfaire tous ces mâles. Et au milieu de cette euphorie sexuelle, Hanlon Kessler / Brandon, qui devient littéralement la figure centrale du film. Passé de main en main, il se fait baiser à la chaîne avec une ardeur fascinante. Il suce, il prend, il avale, il encaisse. Il échange un baiser avec Rocko qui est aussi la pute passive de l'orgy. Et ce qui sidère, c’est qu’ils ne font jamais semblant. Brandon, on sent qu’il est là , à fond, présent, vivant chaque pénétration, chaque regard, chaque éjaculation. Il est sublime. Et on sent qu’il a adoré ce tournage, que ce film l’a transcendé. après tout, il a même osé la double pénétration avec Rafael Alencar et D.O en même temps, bien avant que cette pratique se démocratise dans le hard gay. Et on adore ça. Sergio se fait doigter et pompe D.O. dans la scène finale qui voit chaque étalon jouir et exploser son foutre.
Respect éternel à Hanlon Kessler, qui prouve ici qu’il est aussi convaincant en actif qu’en passif. C’est rare, très rare. Ce mec est une leçon de sensualité, d’implication, de générosité sexuelle. Et on ne peut que s’incliner.
Obsession of D.O. n’est pas qu’un film. C’est une expérience. Une immersion dans un fantasme à la fois sordide, hypnotique, poétique, moite et glorieux. Un chef-d’œuvre oublié, mais indélébile. Je suis infiniment triste que ce genre d'esthétique de film propre à Black Scorpion n'ait pas été plus influente et que les acteurs de ce films aient, pour certains, complètement disparu. Ce sont de vraies légendes. J'aurais tout donné pour un gouinage avec les passifs et pour que tous les actifs de ce film me passent sur le dos !
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