J'adore (toujours) le téléphone rose

Bien avant le monde d'internet et les rencontres qu'on fait grâce à des applications ou directement dans des lieux de drague, il y avait le téléphone rose. Pour 2,23 françs la minute, on débarquait sur un réseau où on était persuadé de tomber sur des mecs ressemblant trait pour traits à ceux des publicités pour ne tomber parfois que sur des ploucs à la recherche d'un plan baise vite fait et souvent mal fait.



Les choses ont un peu changé au début des années 2000 avec la venue d'internet. Craignant la concurrence des chats rooms et services du genre de Dialh Citegay, les réseaux de messagerie ont du devoir en faire beaucoup plus. Les prix ont commencé à baisser en même temps que ces réseaux se sont réinventés. On pouvait dès lors laisser des messages aux personnes dont l'annonce nous séduisait, demander un duo live ou alors, pour quelques euros, écouter une histoire bien cochonne, souvent surinterprétée.

J'y allais, naïvement, en pensant trouver le grand amour. Je pensais qu'un mec beau e donnerait rendez-vous à la gare, qu'il m'embrasserait et que nous filerions le parfait amour... Quel pauvre con.

En réalité, c'est grâce au téléphone rose que j'ai vécu mes moments d'excitation sexuelle les plus intenses. On se séduit par la voix, la description mutuelle de nos physiques, on se donne rendez-vous, on se reconnait dans la rue, on s'isole et après, c'est la grande surprise : aura-t-il une bonne bite et saura-t-il bien s'en servir pour me baiser comme une chienne ? Telle est la question.

Des années après, je repense avec amusement à toutes ces fois où une voix m'a séduite et à ce que la voix avait comme pouvoir d'excitation sur mon corps. Je repense à ces séances où, ne savant pas qui j'avais à l'autre bout du fil, j'ai passé quelques soirées à me faire du bien et à me confier le plus intimement du monde sur mes fantasmes avec un inconnu. Je repense également à tous ces hommes mariés qui ne donnaient que des rdv et aucun numéro de portable, de peur d'être découverts par leur femme. Je pense aussi à ces types qui avaient des fantasmes un peu particuliers et que je prenais plaisir à assouvir. Je pense aussi à ces types d'une cinquantaine d'années qui giclaient dans leur pantalon rien qu'en me voyant débarquer du haut de mes 16 ans, prêt à me faire trouer. Je pense également à tous les mythos qui ne se sont jamais ramenés au RDV, à ceux qui ne sortaient pas de leurs fantasmes pour rejoindre le réel, à ceux qui se sont décrits comme des canons alors qu'ils ne l'étaient pas et à ceux qui étaient juste à la recherche d'une oreille attentive.





Je dois vous faire une confession : il m'arrive encore d'appeler le téléphone rose. J'aime appeler le téléphone rose hétéro et me faire passer pour une femme et entendre tout un tas de propositions salaces. J'aime également le téléphone rose gay. Histoire juste de m'émoustiller. J'aime surtout me souvenir de ces baises que j'ai eu grâce au téléphone rose et qui, quand j'y pense, étaient savoureuses. 

Il y avait le cas de cet homme qui se décrivait comme étant accro à l'annulingus et qui m'a fait jouir au moins six fois en deux heures, aspirant mon cul de sa langue chaude et ultra rythmée jusqu'à ce que je griffe mes murs de plaisir. Cet homme était plus qu'un pro de l'annulingus : il était né pour me bouffer le cul dans toutes les positions, me suppliant de m'asseoir sur sa bouche, me demandant de le gifler pendant qu'il me léchait l'anus alors que j'étais allongé sur le dos avec les jambes en l'air et m'enculant avec sa langue et son nez alors que j'étais sur le ventre. Il était si doué que je me rappelle avoir hurlé à chaque fois que je jouissais.

Il y avait aussi le cas de ce baiseur qui m'avait donné rendez-vous dans un immeuble à minuit, un dimanche soir, alors que passait un bon film érotique sur M6. Dans son petit ascenseur, nous avions fait un 69. Il était debout et m'avait porté; il me gobait les couilles pendant que je le suçais. Pour pimenter le tout, on se suçait alors que l'ascenseur était en mouvement. C'était délicieux. C'est l'un des premiers hommes à qui j'ai réalisé une gorge profonde jusqu'à ce qu'il me jouisse sur l'écharpe qui couvrait mon visage. Le lendemain, je l'ai retrouvé sur le téléphone rose et nous avons baisé cette fois-ci à l'arrière de sa camionnette et je lui ai taillé une pipe alors qu'il me déposait à la maison.


Toute cette activité sexuelle date d'une époque où la pornographie n'était pas encore démocratisée, bien avant l'arrivée des tubes sur le web en accès gratuit. A l'époque, nos fantasmes étaient bien plus ancrés dans notre imaginaire qu'inspirés par ce qu'on voyait dans des films. C'était spontané. Baiser était une denrée tellement rare qu'on ne refusait pas le moindre plan, quitte à se déplacer pour des résultats pas très reluisants. L'important, c'était de rentabiliser son déplacement. Si des hommes avec qui j'ai baisé se reconnaissent dans mes récits, j'aimerais qu'il sachent que je les remercie pour tout le plaisir qu'ils m'ont donné. J'aimerais les remercier aussi pour tout ce que j'ai pu découvrir, pour les craintes que j'ai appris à dépasser, pour ce que j'ai appris sur l'art de donner du plaisir, d'être une chienne obéissante et endurante.

Au prochain qui me possèdera, j'aimerais qu'il sache une chose : je lui prépare la totale mais à condition qu'il me baise comme une chienne.

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