Au dĂ©part, le porno, c’Ă©tait un monde lointain, une espèce de cercle vraiment privĂ© pour cochons pervers pointĂ©s du doigt. Je n’avais que très peu de contacts avec ce monde : des affiches presque innocentes pour des revues coquines devant les kiosques Ă journaux, des annonces obscènes Ă©crites sur la porte des toilettes publiques. Des camarades de classe qui avaient le câble ou un père qui planquait mal ses VHS (et pas que...), y'en avait Ă la pelle mais moi, je ne connaissais rien. J'Ă©tais curieux, comme n'importe qui, mais je n'avais aucun accès au X. ExceptĂ© pour le fameux coin porno du club de location vidĂ©o du coin...
C'est là -bas que je me suis éduqué sur le porno, à une époque où Internet n'était qu'une idée et pas encore l'outil indispensable que nous connaissons. Je m'aventurais dans le rayons des thrillers et je passais discrètement la tête en essayant de ne pas me faire griller par le proprio. Je voyais des jackets avec des femmes sublimes entourées d'hommes musclés. Je voulais être à la place de ces femmes. J'avais une vague idée de ce qu'était le désir et le plaisir mais j'en voulais ma part.
Parfois, j'espionnais aussi les clients qui se promenaient dans cet endroit, fantasmant sur le type qui doit aimer regarder ce genre de films dont je ne pouvais apercevoir que la jaquette. Je me suis vite rendu compte que j'aimais voir des hommes de tous profils, du quinquagénaire célibataire déprimé qui aime l'anal au jeune majeur qui a envie de gros nichons, sans oublier le trentenaire qui repartira avec une demie douzaine de cassettes pour son week end.
Je n'oublierais jamais ce mec, quadragĂ©naire, motard Ă boucle d’oreille, en adoration devant des VHS. Il Ă©tait tellement dans son Ă©lĂ©ment qu’il regardait mĂ©ticuleusement chaque pochette, allant jusqu’Ă coller son nez dessus pour scruter chaque dĂ©tail pendant qu'il essayait de calmer sa grosse erection. Je le voyais lire le rĂ©sumĂ© des films tout en se lĂ©chant les babines et lĂ , je me sentais bien chanceux de jouer les voyeurs Ă©hontĂ©s. Ce qui me fascinait, c'Ă©tait de me dire qu'il existait des hommes qui semblaient savoir très prĂ©cisĂ©ment ce qu'ils recherchaient et ce qu'ils aimaient. Depuis ma planque, je me disais que s'ils avaient de telles exigences, c'est qu'ils s'y connaissaient très bien et savaient certainement bien baiser.
Le seul inconvénient, c'était quand l'homme récupérait les pornos qu'il louait et disparaissait, souvent le vendredi soir. Je me disais que j'aurais bien aimé continuer à l'espionner, une fois chez lui, dans un coin de son salon, et de le regarder se branler scène après scène, jouir et gémir. J'aurais même adoré être dans l'écran et être la personne qui lui procurerait autant de plaisir.
Depuis, ma fascination pour la pornographie ne m'a plus quitté. C'était ma passion clandestine, une activité après les cours, le mercredi après midi quand j'allais près de l'autoroute récupérer des magasines ou le dimanche soir quand j'espérais voir un bon cul viril dans un téléfilm érotique. Quelque temps plus tard, après avoir eu mes premiers rapports sexuels, j'ai pu voir mes premiers films pornographiques qui m'ont apporté à la fois plaisir et imagination. J'ai découvert des pratiques, des fantasmes, des situations, des positions, des contextes, des acteurs et un monde merveilleux qui m'a aidé à m'épanouir.
Et ce n'est pas prĂŞt de s'arrĂŞter.
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